Plan de l’article
Chaque année, entre 400 et 500 incendies sont recensés dans les installations de traitement des déchets en France, selon François Excoffier, président de la Fédération des entreprises du recyclage (Federrec). Un chiffre probablement sous-estimé si l’on compte les départs de feu maîtrisés sans intervention extérieure.
Ces sinistres ne sont pas anodins : ils paralysent les chaînes de tri, mettent en danger les équipes, et engendrent des coûts importants pour les collectivités et l’environnement. L’un des épisodes les plus marquants a eu lieu le 7 avril 2025, lorsqu’un incendie d’origine accidentelle s’est déclaré au centre de tri du Syctom à Paris 17ᵉ.
La cause ? Des déchets dangereux, mal triés, dissimulés parmi les ordures ménagères.
Les batteries lithium-ion
Utilisées dans les téléphones, ordinateurs portables, trottinettes, outils sans fil, elles sont devenues la première cause d’incendie dans les centres de tri. Lorsqu’elles sont endommagées ou compactées, elles peuvent provoquer un emballement thermique : un feu difficile à éteindre, dégageant des gaz toxiques. Un des exemples les plus récents qui illustre la recrudescence des incendies dans les centres de tri, liée notamment à la présence croissante de batteries lithium dans les déchets a eu lieu le 7 avril 2025, un incendie s’est déclaré au centre de tri du Syctom dans le 17ᵉ arrondissement de Paris, détruisant la halle principale de stockage des déchets de papiers et cartons. Mobilisant 180 pompiers, le feu n’a fait aucun blessé, mais a nécessité la réorganisation des collectes pour plus de 900 000 habitants.
Les aérosols sous pression
Déodorants, bombes de peinture ou insecticides, même vides, restent hautement inflammables. Jetés dans les ordures ménagères ou les bacs de tri, ils peuvent exploser au moindre choc ou sous la chaleur, provoquant des départs de feu dans les presses à déchets.
Les piles usagées
Souvent confondues avec les déchets ménagers classiques, les piles contiennent des métaux réactifs comme le lithium ou le nickel. Leur présence dans une benne à emballages représente un risque élevé d’inflammation spontanée, surtout en mélange avec des matériaux secs.
Les bonbonnes de protoxyde d’azote
Issues de la consommation détournée de gaz hilarant, ces bonbonnes se retrouvent de plus en plus fréquemment dans les bacs jaunes. Leur contenu sous pression, combiné à la chaleur ou aux chocs, en fait des bombes potentielles, notamment lors du compactage des déchets.
Les contenants de produits chimiques
Restes de solvants, nettoyants industriels, peinture… Ces résidus peuvent réagir entre eux, dégager des vapeurs inflammables ou exploser. Ils ne doivent jamais être déposés dans les bacs jaunes, mais en déchèterie, dans les filières dédiées aux Déchets Ménagers Spéciaux (DMS).
Pourquoi ces objets provoquent-ils des incendies ?
Tous ces déchets partagent une caractéristique : une forte réactivité chimique ou physique. Dans un centre de tri, les conditions sont propices à l’accident : compactage, friction, pressions mécaniques, chaleur dégagée par les machines, et stockage de matériaux inflammables comme le carton ou les plastiques.
Un simple choc peut suffire à déclencher une réaction en chaîne, avec des conséquences graves pour les installations.
Prévenir plutôt que subir
Les incendies dans les centres de tri ne sont pas une fatalité. Ils sont le résultat d’erreurs de tri évitables. En adoptant les bons réflexes, chaque citoyen peut réduire les risques et protéger les travailleurs du secteur.
Les collectivités locales renforcent les campagnes de sensibilisation, mais le message reste simple :
– Ne jamais jeter de batterie, de pile ou de produit sous pression dans les ordures ménagères.
– S’informer sur les filières spécifiques (DEEE, DMS) pour chaque type de déchet.
Sécurité des installations, continuité du service public de gestion des déchets, santé des agents : derrière chaque incendie évité, c’est tout un système qui est préservé. En changeant nos habitudes, nous contribuons à un recyclage plus sûr, plus efficace, et plus durable.
Pour aller plus loin
2024, BARPI, Rapport Inventaire – Incidents et accidents technologiques survenus en 2023 – https://www.aria.developpement-durable.gouv.fr/wp-content/uploads/2024/08/2024_Inventaire.pdf
Le Senat. Risque incendie lié aux batteries au lithium et cartouches de protoxyde d’azote. https://www.senat.fr/leg/exposes-des-motifs/ppl24-079-expose.html
NextWaste. Les incendies dans les installations de tri et valorisation des déchets : le protoxyde d’azote en cause. https://www.nextwaste.fr/incendies-traitement-dechets-protoxyde-dazote/
NextWaste. Enjeux de sûreté et sécurité des centres de tri et installations de déchets. https://www.nextwaste.fr/enjeux-surete-securite-centres-de-tri-dechets/
Les médias en parlent
TF1 – EN DIRECT – Spectaculaire incendie à Paris : le feu éteint, pas d’émanations toxiques – https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/direct-incendie-a-paris-en-cours-dans-le-17e-arrondissement-une-decheterie-en-feu-pres-du-palais-de-justice-aujourd-hiu-2363774.html
France Info. Centres de tri : pourquoi des incendies en série ? https://www.franceinfo.fr/faits-divers/incendie/centres-de-tri-pourquoi-des-incendies-en-serie_7178463.html
The Conversation. L’incendie du centre de tri à Paris, symbole de l’envers des déchets ? https://theconversation.com/lincendie-du-centre-de-tri-a-paris-symbole-de-lenvers-des-dechets-254222
