Recyclabilité : les données des centres de tri au cœur de la conception des emballages 

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Entre l’augmentation des réglementations européennes, les attentes sociétales et la nécessité de préserver les ressources, les emballages doivent être pensés autrement.  

Aujourd’hui, une chose est claire : la recyclabilité ne se décrète plus, elle se mesure. Et cette mesure commence dans un lieu souvent négligé : les centres de tri. 

Du recyclage théorique au recyclage réel : la prise de conscience accélère 

Pendant des années, les industriels de l’emballage ont revendiqué la recyclabilité de leurs produits sur la base des caractéristiques matériaux : un film en PE, une bouteille en PET, une barquette en PP. Mais la théorie n’a jamais suffi.  

Dans les centres de tri, certaines matières réputées « recyclables » finissent malgré tout en refus ou en incinération, faute d’être correctement captées, triées, ou compatibles avec les filières existantes.  

La réglementation ne laisse plus de place au doute. La révision de la directive européenne sur les emballages (Packaging and Packaging Waste Regulation – PPWR) impose que 100 % des emballages soient « recyclables à l’échelle industrielle » d’ici 2030. Le message est clair : il ne suffit plus qu’un matériau soit recyclable dans l’absolu, il doit effectivement l’être en conditions réelles. 

Les centres de tri : une mine de données longtemps sous-exploitée 

Les centres de tri disposent d’une ressource stratégique : des milliers de données opérationnelles sur le comportement réel des emballages. 

Ces données couvrent : 

  • Le taux de captation par type de matériau, 
  •  Les performances de détection par infra-rouge, 
  •  Les taux de refus (emballages non triés ou contaminés), 
  •  La compatibilité avec les filières de recyclage existantes. 

Ces dernières années, de nombreux centres de tri s’équipent également de capteurs connectés, permettant de remonter en temps réel des données fines sur la qualité des flux entrants. CITEO publie aussi des études de caractérisation, mettant en lumière les failles entre conception des emballages et la réalité du tri. Quant aux industriels, toutes ces évolutions, c’est un virage : comprendre, anticiper, et concevoir en fonction de ce que les machines, et non seulement les normes, sont capables de trier. 

Vers des matériaux « prêts pour le tri » : la revanche de la simplicité 

Les premières tendances issues de l’analyse des données sont sans appel :  

  • La simplicité structurelle prime : mono-matériaux (100 % PE, 100 % PET), fin des complexes PE-Alu-PET impossibles à séparer, 
  •  La taille et la forme comptent : les petits éléments (<5 cm) sont exclus du tri ; les bouchons solidaires deviennent la norme, 
  •  La couleur est stratégique : les plastiques opaques ou noirs ne sont pas détectés efficacement ; le PET clair est favorisé. 

Ainsi, il ne s’agit plus seulement d’innover pour séduire le consommateur, mais d’innover pour satisfaire les robots de tri. 

Standardisation, mono-matériaux, transparence : les nouveaux piliers 

Cette révolution pousse vers une convergence des pratiques : 

  • Standardiser les matériaux pour faciliter la captation : PET clair pour les bouteilles, PP pour les barquettes, PE pour les films souples. 
  • Documenter la recyclabilité dès la conception, via des certifications comme RecyClass. 
  • Tester en conditions réelles dans les centres de tri avant le lancement commercial. 

Les outils d’ACV (Analyse du Cycle de Vie) intègrent désormais ces données de tri pour simuler le devenir réel d’un emballage.  

En 2025, la conception d’un emballage ne commence plus par un simple brief marketing. Il commence notamment par une analyse de données : quelles lignes de tri, quels détecteurs, quelles capacités de recyclage à l’échelle locale et européenne ? 

Le futur de l’emballage durable s’écrit à travers les lignes de tri, les capteurs optiques et les certifications. Les emballages devront prouver, chiffre à l’appui, qu’ils tiennent leurs promesses de recyclabilité.  

Fini les mentions vagues. L’ère de l’éco-conception pilotée par les données est déjà là. Et pour les marques, le choix est simple : l’anticiper ou la subir. 

Pour aller plus loin 

L’UE impose 100 % d’emballages recyclables d’ici 2030. ESG News. L’Union européenne a finalisé une réglementation ambitieuse exigeant que tous les emballages soient 100 % recyclables d’ici 2030. Ces règles complètes ciblent l’ensemble du cycle de vie des emballages, en mettant l’accent sur la réutilisation, le recyclage et la réduction des déchets.

Méthodologie d’évaluation de la recyclabilité des emballages ménagers. CITEO. C’est pourquoi Citeo souhaite proposer une définition d’un emballage ménager recyclable dans le cadre du dispositif de collecte, tri et recyclage français et proposer une méthode de calcul du « taux de recyclabilité » d’un emballage.

Les tendances 2024 du recyclage, décryptées par Greyparrot. NextWaste. En 2024, Greyparrot a analysé plus de 40 milliards de déchets et atteint un rythme record d’analyse, à plus de 1200 déchets analysés par seconde. Les résultats de son activité ont récemment été présentés lors d’une interview accordée au magazine Recycling Today. Nous en avons extrait et synthétisé les principaux enseignements pour vous proposer un aperçu des tendances et des données clés du secteur du recyclage en 2024, selon les données analysées par Greyparrot. 

Les médias en parlent 

Recyclage des emballages plastiques, des progrès à relativiser. Zegreenweb. La France affiche régulièrement ses ambitions en matière de recyclage, en particulier sur les emballages plastiques. Depuis 2022, les consignes de tri ont été simplifiées pour permettre à tous les foyers de trier tous les types d’emballages plastiques. En parallèle, des campagnes de sensibilisation et des investissements ont été déployés pour améliorer les performances de tri et de traitement.

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