Plan de l’article
Face à l’urgence climatique, à la saturation des centres de tri et aux nouvelles attentes sociétales, l’emballage alimentaire est au cœur d’un débat structurant. Derrière l’apparente simplicité d’un pot de yahourt ou d’une barquette de légumes se cache un défi complexe, entre recyclabilité théorique et réelle, bilan carbone, disponibilité des filières et cours des matières premières. Tour d’horizon stratégique des quatre principaux types d’emballage alimentaire.

Plastique : un matériau en sursis ?
AVANTAGES : léger, économique, performant (barrière à l’air et à l’humidité), le plastique s’est rendu indispensable pour un certain nombre d’usages. Il représente aujourd’hui 2/3 des emballages alimentaires.
INCONVENIENTS : mauvaise recyclabilité (seulement 27% des plastiques ménagers français sont recyclés, l’une des plus mauvaises performances d’Europe) du fait de la multiplicité des résines, risques sanitaires liés aux perturbateurs endocriniens (notamment au PET recyclé) et impact environnemental majeur (pollution aux microplastiques)
PERSPECTIVES : rien n’indique aujourd’hui une baisse de l’utilisation du plastique dans l’emballage alimentaire. On observe une volonté de faire monter en puissance le recyclage chimique, non sans difficultés. Les filières PP, PE et PET clair se structurent, également plus lentement que prévu.
Verre : un matériau à la fois noble et énergivore
AVANTAGES : recyclable à l’infini, matériau totalement inerte et taux de recyclage record (86% en France)
INCONVENIENTS : sa masse, 5 fois plus élevée que celle du plastique (à épaisseur égale) engendre des émissions au transport très élevée. Son recyclage est très énergivore (fonte à 1500°c) et sa fabrication demande l’extraction de sables dont nous manquons déjà.
PERSPECTIVES : Innovations logistiques et développement du réemploi en circuit court (le verre est particulièrement adapté aux usages multiples)

Emballage compostable : entre espoir et réalité
AVANTAGES : valorisation organique, issu de ressources renouvelables, alternative aux plastiques souples difficilement récupérables (films, filets, etc)
INCONVENIENTS : compostable oui, mais dans des conditions très spécifiques. Risque important de confusion avec les emballages plastiques (perturbation du tri); dilemme éthique (concurrence avec les cultures vivrières)
PERSPECTIVES : normes de compostabilité renforcées, opportunités autour du déploiement du tri à la source des biodéchets
Métaux (acier et aluminium) : champion discret du recyclage
AVANTAGES : excellente recyclabilité, taux de récupération élevé, compatibilité alimentaire et facilité de tri
INCONVENIENTS : impact carbone à la production, réemploi difficile, risque de corrosion
PERSPECTIVES : développement de l’aluminium recyclé de qualité alimentaire, intégration croissante dans les logiques de consignes, potentiel de circularité très élevé lorsque bien trié
Il n’existe pas de matériau parfait, et seule une approche contextuelle permet de sélectionner le “meilleur” matériau pour chaque usage spécifique. Le choix du matériau est aujourd’hui fait essentiellement autour de critères économiques, celui-ci devrait en premier lieu dépendre :
- de son usage (usage unique, réemploi, souillé ou non)
- de son environnement de fin de vie (filière existante ou non)
- de son impact global (empreinte carbone, pollution)
Il est aujourd’hui devenu évident, ne serait-ce que pour une question de disponibilité des ressources, de favoriser l’utilisation d’emballages réemployables ou mono-matériaux et facilement recyclables (PET clair, PP). Il est aussi crucial, pour une véritable adoption de nouvelles politiques, de réconcilier enjeux économiques et environnementaux pour favoriser une logique de système : éco-conception + infrastructures adaptées + pédagogie du tri.
Pour aller plus loin
Les chiffres du recyclage en France. CITEO. Combien d’entreprises accompagnées dans leur stratégie 3R ? Quel montant alloué au développement du réemploi ? Quels taux de recyclage des emballages et des papiers ? Retrouvez ici les chiffres clés de l’écoconception, du réemploi et du recyclage des emballages ménagers et des papiers graphiques chez Citeo et Adelphe.
10 ans de recyclage des emballages ménagers en Europe : quel bilan et quels chiffres retenir ? NextWaste. En octobre dernier, Eurostat publiait les dernières données concernant la collecte et le recyclage des emballages ménagers dans les 27 États membres de l’UE et les pays de l’EEE/AELE pour la période 2011-2022. Nous avons étudié ce rapport pour en analyser les chiffres et partager nos conclusions.
Optimiser la collecte du verre : un enjeu majeur pour l’économie circulaire. Syctom. En Île-de-France, près de la moitié du verre consommé finit encore dans les ordures ménagères, réduisant ainsi les volumes effectivement recyclés. Pour remédier à cette situation, le Syctom se donne pour objectif d’améliorer la collecte et optimiser la gestion post-tri. Une série d’études a été lancée afin d’identifier des leviers d’action permettant de renforcer l’efficacité du recyclage du verre sur le territoire.
Les médias en parlent
Le recyclage des emballages en France : où en sommes-nous comparé à l’Europe ? France Bleu. La France progresse en matière de recyclage, mais reste en retard sur le plastique. Des solutions comme la consigne et le tri simplifié sont mises en place pour améliorer l’efficacité du recyclage.