Déchets électroniques : risque #1 des centres de traitement des déchets

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Selon le rapport de l’ONU, plus de 62 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) sont générées chaque année à travers le monde. En France, quelque 641 030 tonnes de DEEE ménagers ont été collectées en 2023, selon le Rapport Développement Durable 2023 de l‘Ecosystem. 

Avec un taux de collecte de 47,4 %, plus de la moitié des e-déchets produits en France ne sont pas collectés et n’atteignent pas les installations de traitement et de valorisation adaptées. 

Défis de la filière DEEE  

Bien que les DEEE contiennent de nombreux matériaux recyclables tels que des métaux ferreux et non ferreux, des métaux rares, du verre, et des plastiques, ils renferment souvent des substances toxiques ou des composants dangereux pour la santé humaine et l’environnement : piles et accumulateurs, gaz à effet de serre, composants contenant du mercure, du plomb et du cadmium, condensateurs pouvant contenir des PCB, etc.

Ces déchets doivent donc être traités correctement, selon des procédures strictes, dans des centres de tri spécialisés.

La filière de collecte et de recyclage des DEEE est en place en France depuis 2005 pour les DEEE professionnels et depuis 2006 pour les DEEE ménagers. Malgré ces progrès réglementaires, il arrive encore que les DEEE soient jetés dans les poubelles jaunes ou les ordures ménagères. 

D’après une étude réalisée pour Ecosystem en 2022

  • 120 000 tonnes de DEEE sont jetées avec les ordures ménagères résiduelles (partie non recyclable des déchets ménagers). 
  • 39 000 tonnes sont déposées dans les bennes « tout-venant » en déchetterie (sans filière de recyclage). 
  • 12 000 tonnes sont collectées avec des encombrants et ne sont pas triées. 
  • Au moins 9 000 tonnes se retrouvent dans les collectes sélectives des papiers et emballages ménagers. 
  • 1 000 tonnes sont mélangées avec des déchets d’activités économiques non triés. 
DEEE ménagers

 DEEE ménagers – Ecosystem

Selon les données communiquées par Corepile, seulement 50,8 % des piles et batteries commercialisées en France ont été collectées en 2023. Le reste des piles et batteries usagées reste stocké dans les placards ou les appareils utilisateurs et dans certains cas jetés dans les ordures ménagères.  

Risques associés aux erreurs de tri des DEEE pour les centres de traitement 

Risques d’incendie   

La présence de DEEE, notamment ceux contenant des batteries ou les de bouteilles de protoxyde d’azote, dans les bennes de tri peut causer des incendies lors du transport ou dans les centres de tri. Quand les batteries et celles en lithium-ion sont frottées, écrasées ou chauffées par l’équipement des centres de tri, ou même dans les camions de récupération, elles prennent très régulièrement feu.  

Les accidents se multiplient d’année en l’année, causant des dégâts et immobilisant les installations pendant plusieurs jours voire des semaines. Parmi les plus récents accidents, on peut citer les feux sur le site SYTRAIVAL à Quincieux en septembre 2021, à RecyRom en Belgique et dans un centre de tri de Bègles en octobre 2024.  

D’après le Bureau d’analyse des risques et pollutions industriels (Barpi) : on « recense autant d’accidents en l’espace de trois ans (2016-2019) que sur les quinze ans depuis l’arrivée sur le marché en 1991 » des batteries au lithium. 

Risques chimiques et biologiques 

Les DEEE contiennent divers produits chimiques (métaux lourds, retardateurs de flamme bromés, fluides frigorigènes) qui peuvent provoquer des irritations, des brûlures, voire des intoxications aiguës ou chroniques. Certains appareils, comme les aspirateurs et climatiseurs, peuvent également contenir des agents pathogènes, entraînant des risques d’infections respiratoires ou digestives. En outre, ces substances nocives contenues dans les DEEE peuvent contaminer d’autres déchets, rendant impossible le traitement global des déchets sur la plateforme.

Recyclage et innovation : cas d’entreprises françaises pionnières en IA

Cet article présente trois études de cas d’entreprises françaises, Citeo, Veolia et Carbios, qui utilisent l’intelligence artificielle (IA) pour innover dans le domaine du recyclage. Voyons ensemble comment ces acteurs ont contribué à la transition vers une économie plus circulaire et durable en développant des solutions disruptives pour optimiser le tri, la valorisation et la traçabilité des déchets.

Solutions possibles 

Une approche préventive est essentielle dès la conception des installations et des procédures de travail, avec des solutions de détection en amont des déchets dangereux, des mesures de protection collective et également des équipements de protection individuelle. 

La mise en place des solutions technologiques permettant de détecter les erreurs de tri DEEE le plus tôt possible, afin de prévenir les accidents et réduire le risque humain est primordiale. Parmi les technologies innovantes qui peuvent contribuer à une détection au plus tôt des DEEE dans le cycle de prise en charge des déchets, nous comptons entre autres :  

  • Lion Vision : détection par IA des batteries au lithium-ion et autres déchets dangereux
  • Greyparrot : identification et analyse en temps réel des déchets sur les lignes de tri

Une conception plus sécurisée des installations : il est nécessaire d’organiser les flux de matières et de personnes autour de ce risque, de dimensionner et d’équiper les espaces de travail pour minimiser et anticiper les risques liés à la manipulation accidentelle de DEEE.

Bien qu’en cas d’explosion ou de départ de feu, l’usage d’équipement de détection et de protection permette de limiter les risques humains et les dommages causés aux infrastructures de tri, seule une approche préventive consistant à identifier la présence de DEEE au plus tôt dans le cycle de prise en charge des déchets, couplée à une meilleure sensibilisation autour des risques causés par les DEEE, permettra d’endiguer ce nouveau fléau et de divertir ce flux pour en tirer tout le potentiel de valorisation. 

Pour aller plus loin 

Déchets d’équipements électriques et électroniques : Démanteler et recycler les DEEE sans risque. L’évolution technologique rapide, la croissance du taux d’équipement des ménages, la durée de vie réduite des appareils sont à la source d’une production importante de déchets électriques et électroniques.

Electrical and Electronic Equipment (data 2021) : Approximately 1.4 billion electrical and electronic devices were placed on the market in 2021, totaling 2.5 million tonnes. In 2021, 994,805 tonnes of waste from electrical and electronic equipment were collected in France, with a recycling rate of 77%.

Ministères Territoires Ecologie Logement – Équipements électriques et électroniques (DEEE) : Les équipements électriques et électroniques (EEE) contiennent souvent des substances ou composants dangereux pour l’environnement (piles et accumulateurs, gaz à effet de serre, composants contenant du mercure, condensateurs pouvant contenir des PCB, etc.)

Techniques de l’Ingénieur – Enjeux dans le recyclage des batteries lithium-ion : Les batteries lithium-ion sont aux cœurs de la transition énergétique pour le stockage de l’énergie intermittente, et au cœur de la mobilité électrique avec le développement rapide du marché des véhicules électriques.

ADEME – Piles et accumulateurs (données 2022) : 1 676 millions de piles et accumulateurs (PA) de tous types confondus ont été mis sur le marché en 2022 (- 3 % par rapport à 2021), correspondant à 304 635 tonnes (- 3 %). En 2022, 201 533 tonnes ont été collectées par la filière, dont 13 987 tonnes de déchets de piles et accumulateurs portables.

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