Les incendies dans les installations de tri et valorisation des déchets : le protoxyde d’azote en cause 

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Les explosions et les incendies provoqués par des cartouches ou des bouteilles de protoxyde d’azote dans les usines de traitement des déchets se multiplient. À ce jour, environ 80 % des sites de traitement des déchets en France sont concernés par ce phénomène. Les accidents coûtent entre 15 et 20 millions d’euros par an à la filière. Les bouteilles, souvent utilisées de manière détournée comme « gaz hilarant », finissent dans les déchets et explosent lors du transport, du tri ou de l’incinération. 

Les impacts économiques d’un incident se traduisent par des coûts directs et indirects. Les coûts directs incluent les réparations, le remplacement des équipements endommagés et la mise aux normes nécessaires après l’incident. À cela s’ajoutent des coûts indirects, tels que la perte d’exploitation due à l’arrêt des activités, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, la diminution des revenus engendrée par l’interruption des opérations, ainsi que les coûts environnementaux et réglementaires liés aux conséquences du sinistre.  

La loi interdisant la vente aux particuliers est actuellement en préparation, mais il faut rester vigilant quant aux risques d’incendies et d’explosions provoqués par ce type de déchet.

Les cas et les témoignages concrets illustrant l’ampleur de phénomène   

Explosion à l’Unité de valorisation énergétique de Nîmes en 2025 

D’après le Sitom Sud Gard, depuis 2019, les dépenses liées à l’entretien du four d’incinération ont augmenté de 25%, alourdissant le budget global de l’usine. Chaque arrêt du four, nécessaire après une explosion, comme c’était le cas le 15 janvier 2025, entraîne environ 30 000 € de pertes d’exploitation, impactant directement la production d’électricité et de chaleur. Ce phénomène récurrent affecte non seulement la sécurité et l’efficacité opérationnelle, mais aussi la rentabilité de l’unité de valorisation énergétique. 

Incidents et conséquences à Lille en 2024 

En 2024, a Métropole Européenne de Lille a enregistré plus de 20 arrêts des centres de valorisation énergétique, entraînant un impact financier supérieur à un million d’euros. Elle traite désormais une trentaine de tonnes de bonbonnes par an, contre seulement 1 à 2 tonnes en 2020. Depuis 2022, le volume de bonbonnes traitées a connu une hausse exponentielle, atteignant 25 à 26 tonnes par an. 

Incidents à Besançon en 2023 

Le Syndicat mixte de Besançon et de sa région pour le traitement des déchets (SYBERT) a signalé des explosions violentes dans son four de valorisation énergétique, causées par des bouteilles de protoxyde d’azote. En une année, 600 bouteilles ont été retrouvées sur le centre de tri, provoquant des dégâts importants et des risques pour le personnel.

Explosion à Evin-Malmaison en 2023 

Une cartouche de protoxyde d’azote a explosé dans un centre de tri des déchets à Evin-Malmaison. Heureusement, il n’y a pas eu de blessés, mais l’incident a mis en lumière la dangerosité de ces cartouches lorsqu’elles sont mélangées aux déchets ménagers. Le SYMEVAD, responsable du traitement des déchets, a signalé que 1 100 bouteilles de ce type ont été retrouvées en 2022, entraînant un surcoût de 38 000 euros pour leur évacuation et traitement.

Ces exemples et témoignages montrent l’importance de continuer à sensibiliser le public et de mettre en place des mesures de prévention. L’intégration de solutions technologiques dans les centres de traitement et de valorisation des déchets, notamment la détection et la préhension des déchets dangereux dans les flux entrants grâce à des équipements renforcés par l’intelligence artificielle, est cruciale pour garantir la sécurité, minimiser l’impact environnemental et assurer la conformité réglementaire. 

Pour aller plus loin  

Protoxyde d’azote : un danger pour les centres de traitement. Syctom. Les cartouches ou bonbonnes de protoxyde d’azote, de plus en plus nombreuses parmi les déchets collectés, représentent un véritable danger pour les installations de traitement des déchets et les personnes qui y travaillent. En plus d’être un fléau sanitaire et environnemental, elles font peser coût non négligeable sur les collectivités a cause des  risques d’explosions et d’incendies qu’elles peuvent provoquer.

Cartouches de protoxyde d’azote : le nouveau fléau des usines de traitement des déchets. NextWaste. Les cartouches et les bonbonnes usagées de protoxyde d’azote se retrouvent donc souvent dans les flux de déchets ménagers, causant des problèmes significatifs aux usines de recyclage et d’incinération. Cet article explore l’impact de ce nouveau type de déchet ainsi que les solutions existantes ou en développement pour en limiter la dangerosité en fin de vie.  

Les médias en parlent

Batteries, protoxyde d’azote : des déchets explosifs. TF1. Une alerte est lancée par les centres de traitement de déchets. Ils constatent une hausse inquiétante des accidents dus à un mauvais tri des bonbonnes de gaz inflammables, batteries au lithium et des cartouches de protoxyde d’azote, en augmentation vertigineuse en France, depuis 2021. Ces déchets provoquent des incendies et parfois, explosent. Tous les équipements électriques doivent aussi être déposés en déchetterie ou en magasin spécialisé. Leurs accumulateurs sont très sensibles.

Les explosions des bouteilles de protoxyde d’azote dans les incinérateurs font « un million d’euros de casse ». Franceinfo. Les explosions des bouteilles de protoxyde d’azote, le « gaz hilarant », dans les usines de traitements de déchets sont un véritable fléau. Le coût pour la filière est estimé entre 15 et 20 millions d’euros par an.

L’Assemblée adopte l’interdiction de la vente de protoxyde d’azote aux particuliers. Ouest France. L’interdiction de la vente de protoxyde d’azote aux particuliers a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale mercredi. L’inhalation de ce gaz, prisé pour ses effets euphorisants, peut entraîner une asphyxie ainsi que de sévères troubles neurologiques ou cardiaques.

Déchets et risque incendie : une règlementation laxiste et mal appliquée, selon un rapport officiel. Actu-Environnement. Pour limiter les incendies dans les installations de gestion de déchets, il faut d’abord lutter contre les sites en infraction, souligne un rapport de l’Igedd. Puis réduire l’arrivée de batteries au lithium et renforcer les prescriptions règlementaires.

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