Plan de l’article
Généralisation des consignes de tri, essais de tarification incitative, simplification du geste de tri, les initiatives visant à informer voire éduquer les particuliers sur les bonnes pratiques de recyclage des déchets ménagers ne manquent pas.
Elles constituent les dernières manifestations d’un effort collectif engagé avec la loi du 13 juillet 1992, et l’obligation pour les collectivités territoriales d’organiser la collecte sélective au détriment de la traditionnelle mise en décharge. Si le tri en amont et le recyclage des déchets ménagers ont très fortement progressé, on constate depuis près de 20 ans un plafonnement des performances de tri et de recyclage, avec pour cause majeure notre incapacité collective à réduire les erreurs de tri à la source.
En témoigne les derniers chiffres publiés en 2023 par l’éco-organisme Citeo:
Sur le plan national, au moins 56% des ordures ménagères résiduelles (dont seulement 20% auront l’opportunité d’être triées) sont en réalité des déchets potentiellement recyclables (et valorisables à 75%). Rapporté au total de la collecte sélective en France, on estime que les deux-tiers des déchets recyclables ne sont pas triés correctement à la source.
Dans cet article, nous explorons les principales causes à l’origine des erreurs de tri des ménages.
Un recyclage durable et innovant en France ?
La mise en place de systèmes de tri en 3, 4 et 5 flux, essentiels pour optimiser le recyclage, représente un défi technique et financier majeur. Selon un rapport de l’ADEME, l’implémentation de ces systèmes vise à améliorer la séparation des déchets, réduisant ainsi la contamination et augmentant la qualité des matières recyclées.
Les contaminations croisées
Selon l’agence de l’Environnement (ADEME), chaque français jette en moyenne 573 kilos de déchets par an. 20% de ces déchets sont déposés dans “le bac jaune” pour être recyclés, le reste allant dans la poubelle classique. Parce qu’un objet théoriquement recyclable ne peut pas toujours être recyclé, le bon geste n’est pas toujours celui que l’on croit. Voici les principales sources de contamination:
Les non-recyclables jetés dans le bac jaune
Sacs plastiques, polystyrène, le papier bulle, le papier cadeau, le verre cassé, les emballages de produits ménagers, l’opercule de pot de yaourt, autant de déchets techniquement recyclables qu’une majorité de centres de recyclage ne savent pas traiter et qui viennent contaminer la collecte sélective.
Les recyclables et déchets dangereux dans la poubelle normale : L’aluminium, les textiles, les piles et batteries, les pots de peintures, les médicaments, autant de déchets possédant leur propre filière de valorisation.
De bonnes intentions mais un geste maladroit
Quand le geste de tri stagne ou s’améliore légèrement, c’est la quantité de déchets d’emballage qui ne cesse d’augmenter. A population stable, la quantité d’emballages légers augmentera de encore de 25% entre 2011 et 2030 selon l’ADEME. Des emballages de plus en plus complexes et volumineux, que la plupart n’hésitent pas à emboîter, imbriquer, mettre en sac pour ne plus être “envahis”. Ce phénomène grandissant impacte considérablement la performance de tri, car aucun centre de recyclage n’est aujourd’hui capable de séparer ces déchets efficacement. Seule une meilleure sensibilisation pourrait venir contrer cette tendance.
Le déficit de sensibilisation autour d’une communication confuse
Trop d’information (contradictoire) tue l’information. Paradoxalement, le “matraquage” de communication des dernières décennies n’impacte pas ou peu le geste de tri. Entre l’information sur l’emballage, sur les contenants à déchets, la municipalité, les voisins, la presse, Citeo, l’Ademe…le trieur ne si retrouve plus et finir par percevoir le tri, pour les moins sensibilisés, comme une véritable corvée. En France, seule la moitié de la population trie régulièrement, 30% occasionnellement, et 20%, pas du tout. Le problème ne vient du manque d’information, mais du trop plein d’informations contradictoires et pour beaucoup, la conviction quye de toute façon, “tout fini au même endroit”.
Une collecte inadaptée
S’il-y-a un élément qui n’a pas ou peu changé, c’est le contenant lui-même. De très nombreuse études scientifiques et sociologiques montrent aujourd’hui que le bac jaune souffre d’un problème de design. Le particulier ne devrait pas avoir de doute, ses consignes locales doivent être en évidence, sur le contenant lui-même.
La collecte elle-même est source d’erreur. Qui n’a pas déjà déposé ses déchets recyclables dans la poubelle normale lorsque le bac jaune déborde déjà? Une amélioration des tournées de collecte et une meilleure disponibilité des points d’apport volontaire pourrait également contribuer à une réduction des erreurs de tri.
Dans un prochain article, nous étudierons les conséquences de ces erreurs de tri sur les filières de traitement déchet et de recyclage, l’efficacité des dépenses publiques ou encore l’environnement, ainsi que les possibles solutions à mettre en place pour une réduction et une meilleure gestion de ces erreurs de tri.