Plan de l’article
Dans la majorité des centres de tri français, la caractérisation des déchets repose encore sur des campagnes ponctuelles, réalisées manuellement. Or, ce mode de fonctionnement montre aujourd’hui ses limites techniques, économiques et stratégiques. Chaque collectivité, selon les textes en vigueur, n’est tenue de caractériser que 18 échantillons de 35 kg par an, soit 630 kg de déchets analysés, alors même qu’elle peut générer plusieurs milliers de tonnes de déchets recyclables.
Ces opérations de caractérisation sont non seulement longues et coûteuses, mais surtout peu représentatives. Elles ne permettent pas d’avoir une vision en temps réel, ni d’identifier avec précision les poches de pertes, de refus ou d’erreurs de tri. Ce décalage entre la réalité des flux et les données disponibles freine considérablement l’optimisation des performances de l’ensemble de la chaîne de valorisation.
Face à la complexité croissante des emballages (multi-matériaux, plastiques souples, nouveaux formats), ce manque de précision dans l’analyse limite fortement la capacité des collectivités et des exploitants à piloter efficacement leur outil industriel.
Un constat chiffré : des pertes invisibles mais massives
Prenons un cas concret : un centre de tri qui traite 25 000 tonnes de collecte sélective par an. Ce cas est loin d’être exceptionnel et reflète une moyenne fréquente dans les installations françaises.
Dès l’entrée, environ 20 % des apports sont écartés pour non-conformité (présence d’ordures résiduelles, sacs noirs, déchets dangereux ou hors consigne).
Sur les 80 % restants, à minima 20% des matières pourtant valorisables (plastiques rigides, papiers, métaux) finissent en refus, par manque de détection ou d’ajustement des procédés à la qualité du flux entrant.
Ce sont donc à minima 4000 tonnes de déchets théoriquement recyclables qui échappent à la valorisation chaque année – sans compter les milliers de tonnes de déchets valorisables mal triées en amont (dans le sac noir plutôt qu’en bac jaune) et destinés à l’incinération ou l’enfouissement.
Ces pertes varient considérablement d’un site à l’autre. Certaines installations accusent de pertes plafonnant autour de 10 %, tandis que d’autres dépassent les 40 % de refus valorisables, faute d’outils de contrôle performants. Ces écarts révèlent un enjeu de justice environnementale et économique entre territoires.
À cela s’ajoute un coût croissant de traitement des refus : incinération, enfouissement, transport… qui vient grever les budgets locaux. Sans compter la perte de recettes liées à la revente des matières recyclables.
L’IA au service de la valorisation matière : l’exemple Greyparrot
Face à ce constat, des solutions technologiques existent, à commencer par l’intelligence artificielle appliquée au tri. Des systèmes comme ceux développés par Greyparrot permettent désormais d’analyser 100 % des flux en temps réel, avec une capacité allant jusqu’à 20 tonnes par heure.
Concrètement, des caméras et capteurs intelligents sont installés sur les tapis de tri. Reliés à une IA, ils identifient en continu les matériaux présents : plastiques (PET, PEHD, films souples…), papiers et cartons, métaux ferreux et non ferreux, verres, contaminants (batteries, DEEE, objets interdits).
Les données générées sont précises, granulaires et disponibles en temps réel. Cela permet : d’évaluer objectivement la qualité du tri, de mesurer les écarts de performance entre lignes, horaires, types de flux, d’ajuster les réglages des séparateurs, d’identifier les lots problématiques, d’optimiser les recettes matières en améliorant leur pureté…
Gagner en efficacité, en traçabilité et en revenus
Intégrer une solution d’analyse IA sur son site de tri, ce n’est pas simplement “voir mieux” : c’est agir mieux. C’est transformer un outil de tri classique en un véritable outil de pilotage industriel. Les bénéfices sont multiples :
- Réduction des pertes matière : une meilleure détection permet d’éviter que des matières recyclables finissent en refus.
- Amélioration des recettes : une matière mieux triée, plus pure, se vend plus cher. Cela est particulièrement vrai pour le plastique ou les métaux, dont les cours fluctuent fortement.
- Diminution des coûts d’élimination : moins de refus, c’est moins de tonnes envoyées à l’incinération ou à l’enfouissement.
- Meilleure conformité réglementaire : traçabilité renforcée, preuve de performance en cas de contrôle, pilotage des objectifs REP.
- Justification des investissements : les données collectées permettent de documenter la performance et de sécuriser des financements (fonds économie circulaire, appels à projets, etc.).
En outre, l’analyse continue permet de mieux négocier les contrats de reprise ou de justifier des ajustements tarifaires avec les éco-organismes.
Aujourd’hui, les outils d’optimisation de tri par l’IA ne sont plus réservés aux grands groupes industriels. Ils sont accessibles aux collectivités et centres de tri de taille intermédiaire, grâce à des modèles flexibles, adaptés à différents niveaux d’automatisation.
La REP, la Loi AGEC, le Clean Industrial Deal ou encore les objectifs européens en matière de circularité fixent un cap clair : faire plus et mieux avec les déchets. Dans ce contexte, chaque tonne compte, chaque déviation doit être identifiée, chaque matière bien orientée.
Les centres de tri sont au cœur de cette transformation. Il ne s’agit plus seulement de trier, mais de valoriser au maximum. Cela commence par mieux identifier, mieux comprendre et mieux piloter.
Pour aller plus loin
La dépense de gestion des déchets en 2022. SDES. En 2022, 21,6 milliards d’euros sont consacrés à la gestion des déchets en France. Cette dépense est en hausse de 8,5 % par rapport à l’année précédente et de 5,1 % hors inflation. Elle regroupe à la fois la gestion des déchets ménagers et assimilés (DMA) pris en charge par le service public de gestion des déchets, la gestion des déchets des entreprises, ainsi que le nettoyage des rues.
Replay Webinaire Greyparrot x EMC48. NextWaste. Données en continu, performance en hausse : comment EMC48 transforme son tri grâce à Greyparrot.
Les médias en parlent
NextWaste et Greyparrot automatisent la caractérisation des déchets. Recyclage et Récupération. NextWaste, distributeur français de l’analyseur IA Greyparrot, présentera à Pollutecune solution technologique pour une caractérisation des déchets à haute valeur ajoutée. Présentée comme une alternative aux méthodes de caractérisation manuelle des collectes sélectives (voire des OMR), cette station de travail automatisée et basée sur les capacités de reconnaissance et d’analyse de l’intelligence.
Des déchets mal triés qui coûtent cher à la collectivité. Ouest-France. Dans la communauté de communes Haute Sarthe Alpes Mancelles, un échantillon de déchets prélevé en avril 2024 dans un conteneur de tri a révélé que 34 % du poids était constitué de déchets autres (verre ou vêtements). Ce manque de civisme a un coût.